En recherche avec des scientifiques sur les imaginaires de la mer

Quel rôle peut jouer l’artiste dans le combat pour la préservation de l’environnement naturel ? Marion Thomas, metteuse en scène, comédienne et performeuse, est artiste associée au TU de Nantes (Théâtre universitaire). Elle raconte dans un journal de bord ses réflexions sur cette question, au fil de son chemin vers sa prochaine création, Nous sommes les amazones du futur. Dans ce « seule en scène », elle prendra le contre-pied des récits apocalyptiques et dystopiques pour nous proposer une cure d’imagination où êtres humains, machines et animaux fabriquent un espace commun libérateur. La pièce est annoncée du 22 au 25 février au TU de Nantes. Marion Thomas participe au groupe de réflexion ImagiMer et au projet MIMI (UN/ Ifremer) qui réunit des chercheurs, professionnels de la pêche et artistes sur les imaginaires de la mer et de leurs relations aux sciences. La lecture de son journal de bord permet d’entrer dans le cheminement mental de l’artiste, les images qu’elle se crée, les obstacles qu’elle se pose…

Visuel Marion Thomas Nous sommes les amazones du futur

 

Extrait du journal de bord de Marion Thomas : […] « Ce jour-là, nous avons parlé des poissons qui meurent, du micro-plastique, des micro-algues qui produisent près de 50% de l’air que nous respirons et de réserve halieutique aussi (j’adore placer ce mot, maintenant que je sais ce que c’est). Je me souviens d’un chercheur surtout qui a pris la parole à un moment, je ne sais plus son sujet d’étude exact, mais je me souviens très bien qu’il était déprimé. Il s’est adressé à mon  »groupe », c’est à dire celui déjà très hétéroclite des artistes. Il nous a dit que les gens devaient savoir, devaient être informés, qu’il fallait faire des pièces de théâtre sur le sujet qui seraient jouées l’été sur les plages ou dans les campings, que les scientifiques n’avaient pas cette ressource, s’adresser directement aux gens, mais que nous les artistes, on pouvait. J’ai ressenti un grand vide. Je suis auteure, metteure en scène et comédienne. Je fais du théâtre. L’un des principaux problèmes du secteur théâtral, c’est le vieillissement du public. Le public type du théâtre c’est d’abord les gens qui font eux-mêmes du théâtre, et puis les profs de français à la retraite. Voilà, c’est comme ça. Les  »gens » à qui je m’adresse la plupart du temps, sont des gens plus ou moins comme moi. Des gens qui savent déjà que la planète va mal, que les poissons meurent, que le capitalisme tue. Je ne suis en vrai, pas armée pour informer les gens sur la plage ou dans les campings, ce n’est pas mon métier, je ne sais pas faire ça. A titre personnel, j’ai même la conviction que le problème n’est pas d’informer les gens, qu’on sait tous déjà quand même que ça ne va pas. Le problème c’est probablement que la vie de la plupart des gens est trop monstrueusement compliquée pour qu’ils aient de l’espace mental disponible pour penser à autre chose que leur propre survie. J’avais envie de dire à ce chercheur : je ne suis pas la solution. J’aimerais l’être vraiment, je sais à quel point ça rendrait les choses plus faciles pour toi (et pour moi aussi d’ailleurs). » […]

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