A Brest, du 2 au 4 mars. Malmenée, Alice, mais toujours vivace, personnage d’enfant que la compagnie Dérézo transpose en jeune femme en quête de soi et de sens, dans un passage vers la réalité « adulte ». Cette traversée, au cœur du livre de Lewis Caroll, (Through the looking glass… / De l’autre côté du miroir) prend avec la compagnie Dérézo la forme d’une progression, de case en case d’un échiquier, au pied d’une montagne en plastique. Surtout, elle entraîne ici la confrontation avec des vieillards aux masques monstrueux qui bousculent Alice autant qu’ils construisent son monde, à force de mots, d’énigmes et de vérités aussitôt réfutées. L’idée de ces figures de silicone remonte à une période de travail de la compagnie dans un Ehpad. Il y avait, dès lors, le risque de faire entendre un affrontement entre générations, voire un propos sur les illusions de l’âge. Mais pas le temps de se glisser dans le confort d’un sens unique car Alice est tout le temps de l’autre côté, face au réel qui se « fait avec les mots ». Toute la question étant de savoir « qui en est le maître », comme dit l’histoire. L’adaptation-réécriture de Charlie Windelschmidt avance en équilibre sur cette crête, avec dynamisme. On s’amuse, on s’irrite, on s’émeut du roi qui fait la guerre sur sa montagne, on ne voit pas le temps passer. Mais, au bout de ce conte, le sort d’Alice laisse inquiet. A voir à la Maison du Théâtre dans le cadre de la saison nomade du Quartz.