Les photos sous-marines de Nicolas Floc’h n’ont rien à voir avec les vues exotiques de coraux et poissons multicolores qu’on associe à la plongée. C’est une vraie surprise que l’exposition Initium Maris aux Ateliers des Capucins, à Brest. Ce monde-ci apparaît réel et sauvage, pas du tout touristique. Le plus souvent en noir et blanc, il dévoile des reliefs abrupts où se dressent des roches granuleuses et où les algues se perdent dans de mystérieux horizons. On pense aux vues de déserts, de la Lune, de jungles. Les photos bretonnes ont été prises en apnée ou plongée, sur 65 sites entre Saint-Malo et Saint-Nazaire, en lumière naturelle et au grand angle, jusqu’à 50 mètres de profondeur, entre 2015 et 2021. Une autre série a été réalisée en fixant le caisson de l’appareil sur un sous-marin de l’Ifremer avec cette fois un éclairage par phares, entre 700 et 1800 mètres. Ces images ont une double dimension artistique et documentaire. Nicolas Floc’h témoigne aussi en effet de l’impact des activités humaines sur l’écosystème sous-marin. Lors d’une exposition à Marseille, en janvier 2021, il racontait comment, lui qui avait commencé à plonger autour de La Turballe (44) quand il était enfant, avait vu la végétation de laminaires s’effacer peu à peu. Sa démarche est donc aussi « d’inventorier les paysages des côtes françaises, sous la surface ». Le titre Initium Maris, c’est à dire le «début de la mer » en latin, est la réciproque à Finis Terrae d’où est issu le nom du département du Finistère. Cet exposition est produite par La Passerelle centre d’art contemporain à Brest. Jusqu’au 12 février.