On ne survole pas les sculptures de Marc Didou d’un œil distrait. Ces grands disques de métal sont pleins d’une trame dont le dessin ne se perçoit pas d’emblée. Il faut s’approcher, reculer, tourner autour pour voir apparaître les portraits dans ce monumental travail de forgeron. Marc Didou est un habitué de Kerguéhennec, château, parc et lieu d’art contemporain à Bignan qui dépend du Département du Morbihan. Il y a déjà signé des œuvres permanentes, un portail et une grille de puits au fond duquel se reflète un œil. Il y revient avec cette exposition Retour d’expérience qui explore l’anamorphose. Cet exercice pictural ancien consiste à cacher une forme (un crâne symbole de vanité par exemple), visible seulement sous un certain angle. Marc Didou l’applique sur de grandes pièces comme une recherche sur l’illusion et le réel. Ce qui peut sembler un jeu esthétique dans le cadre magnifique de Kerguéhennec gagne en profondeur avec les sculptures exposées à l’intérieur, notamment à la bergerie, quand des visages de tristesse se lisent sur des grilles carrées, quand l’arrogance d’une tour ou d’un château révèle son caractère tragique dans un miroir ou quand une beauté métallique à la forme suspecte naît d’un tracé labyrinthique. Marc Didou, né en 1963, vit et travaille entre la Bretagne et la Ligurie. Il a suivi l’École supérieure des Beaux-Arts de Brest, ville où il a présenté sa première exposition personnelle en 1991. Après de nombreuses expositions en Italie dans les années 2000, il a exposé, à nouveau plusieurs fois en Bretagne depuis 2015 : Plouer-sur-Rance, Landerneau, Fougères, Château de Trévarez…