A La Passerelle, à Brest jusqu'au 17 septembre

Explorant la transformation des matériaux, Céline Le Guillou travaille la terre en modelage, en assemblage, construit des installations et peint pour évoquer les organes vivants, parfois découpés comme en dissection. Son exposition, à La Passerelle, est titrée Les Forces heureuses comme une proclamation de confiance dans les processus de croissance naturels. Ces objets en diverses matières suggèrent des bouts de corps indéfinis, des membranes, des morceaux de nous. Son exposition au centre d’art la Passerelle a bénéficié d’un chantier-résidence de trois mois. Le programme accueille chaque année deux artistes qui vivent en Bretagne ou sont diplômés d’une école de la région. Née en 1994, Céline Le Guillou vite et travaille à Quimper. Elle s’est formée à Annecy, à l’EESAB de Quimper et à l’EESAB de Brest et elle s’est perfectionnée dans les techniques de la terre en formation longue à l’Institut européen des arts céramiques (IEAC, Guebwiller).

 

Celine Le Guillou
Céline Le Guillou
Céline Le Guillou

« Une observation quasi-scientifique du corps »

Extrait du dossier de presse sur l’exposition de Céline Le Guillou : « L’artiste s’est engagée dans une observation quasi-scientifique du corps et de l’organique, tout en demeurant dans le champ de la poésie. Elle a, par le passé, développé un corpus de peintures puis de sculptures et choisit d’augmenter ses compétences en céramique en étudiant récemment à l’Institut Européen des Arts Céramiques en Alsace. Forte de ce nouveau savoir-faire, elle a désiré élaborer son exposition autour d’une série de nouvelles sculptures, cuites

à Brest. Elle a cherché à s’approprier l’espace en construisant un « dessin » en trois dimensions. Des formes molles, de textures différentes, se déploient sur un mobilier imaginé spécialement par l’artiste. Les socles font ainsi partie intégrante des œuvres et suggèrent parfois du matériel scientifique.

Céline Le Guillou a composé une discussion entre ses pièces, comme si un moyen de communication inconnu des œuvres d’art préexistait. Elle considère ses formes comme un catalogue où elle vient piocher un vocabulaire ou une grammaire. Ses sculptures et ses peintures montrent l’intérieur des corps, ce qui est censé rester caché, et rappellent les travaux de dissection de la médecine et l’iconographie de « l’écorché », célèbre dans histoire de l’art depuis Rembrandt à Francis Bacon. Céline Le Guillou parle d’ailleurs de la céramique comme « une chair terrestre », évoquant le côté charnel et primordial de la matière. Les corps qu’elle façonne sont inclassables, à la fois attirants et repoussants. Elle se considère comme une « passeuse » entre une substance existante et une forme finale, l’œuvre d’art. Le geste de l’artiste n’est qu’une étape naturelle dans l’ordre des choses. « Les forces heureuses », formule que Céline Le Guillou emprunte au philosophe Gaston Bachelard, s’apparentent à celles de la sculptrice britannique Barbara Hepworth qui recherchait une forme idéale et d’Henry Moore qui était parti en quête des mystères des formes. Le dispositif d’œuvres présentées à Passerelle dévoile un processus de croissance naturelle millénaire, comme si les sculptures émergeaient seules ou étaient simplement accompagnées par l’artiste, devenant pour l’occasion obstétricienne, celle qui permet la naissance. »