Denez Prigent et Yvon Le Men ont sonné le début de saison de Lieux Mouvants. Cette association de Centre-Bretagne est connue pour son festival d’été qui aura lieu du 9 juillet au 28 août. A Lanrivain en ce dimanche 27 mars, le Printemps des poètes se signalait par un grand ciel bleu sur la place de l’église et par une petite foule à la salle des fêtes devant Denez Prigent, en redingote noire, solennel. De sa voix grave, lourde, il a déclamé les poèmes en breton du recueil Kañv (Deuil). L’assemblée était concentrée sur ces mots qui disent le désespoir, la perte, la morsure du vent, la terre trahie, la pureté lacérée… A ses côtés, la poétesse Sandrine Le Mével Hussenet confirmait, en traduction française, l’étendue du tragique. Après la pause, Yvon Le Men a commencé fort avec deux poèmes ukrainien et russe, et poursuivi avec son dernier livre, les Epiphaniques (éditions Bruno Doucey) témoignage de ses rencontres avec des « accidentés de la vie ». De ces destins qu’on croirait brisés, Le Men extrait de la joie et de l’humour. La salle se détendait, alors Yvon Le Men l’a fait rire avec un extrait du livre La Bretagne sans permis, l’épopée d’un doublage de tracteur en voiturette. Il n’avait plus qu’à conclure en majesté avec un poème de Xavier Grall. Prochain rendez-vous de Lieux Mouvants : les Ateliers du paysage.