L'Exilée du Tout Va Bien, nouveau livre de Charles Madézo

L’éditeur de Questembert Stéphane Batigne poursuit la publication de récits personnels forts, qui racontent l’histoire des Bretons sans fard. Après En finir avec la honte de nos racines paysannes (voir l’article dans Dru) et Paroles d’agricultrices, évolution de la ruralité à La Vraie-Croix, voici L’Exilée du Tout va bien. L’écrivain Charles Madézo y délaisse son thème habituel de la mer pour un récit âpre sur sa mère. A la fin des années 30, Maria s’est exilée, à 17 ans, pour échapper à son maudit statut de fille bâtarde dans son village bigouden. Elle est le fruit du viol d’une fille de ferme. La Bretagne revient bientôt la chercher au bistrot de Dieppe où elle sert, incarnée par un marin de Douarnenez… Charles Madézo convoque Saint-John Perse, la littérature et des éléments d’analyse sociale et psychologique, dans un effort pour prendre de la distance, éloigner le « lamento », comme il dit. Mais l’émotion repousse, vivace, nourrie par les souvenirs de l’enfance à Douarnenez (il est né en 1939), par la honte collective qui pesait sur les jeunes femmes victimes et leur descendance. Chez Madézo non plus, ce n’était pas mieux autrefois, et cela reste dans les tripes, écrit au temps présent.

Pierre Madézo