Mon Père avait trois vaches, le théâtre de Mouton Major (Yves-Marie-Texier)

C’est un seul en scène avec une simple chaise comme décor, un stand-up pourrait-on croire, puisque Yves-Marie Le Texier, dans Mon Père avait trois vaches, raconte son histoire de fils de paysans qui aime le théâtre. Non pas sa vie, en réalité, mais les vies qui l’attendaient quand, enfant, il rêvait devant l’ensileuse : rester agriculteur à l’ancienne voué à la pauvreté et au labeur acharné, devenir l’exploitant-patron prospère, ou, au contraire, tenter ce pari et le perdre… Dans la salle pleine du centre culturel Perenn, de Cléguerec, bon nombre d’agriculteurs étaient venus voir le spectacle en famille, pas décidés à s’en laisser conter par un donneur de leçon. Pendant une heure, leur attention a été totale, tant Yves-Marie Texier fait mouche. Il donne à rire, trouve le ton juste pour parler des pesticides, tord le cœur en évoquant le suicide, et brosse le tableau du monde qui entoure l’agriculteur : les commerciaux, la coopérative, les voisins et collègues, la distribution, le consommateur mystérieux qui sert de prétexte à la maltraitance des sols et des hommes. Les connaisseurs savourent. Le texte est sobre, l’acteur aussi, qui fait témoigner ses personnages sans attendrissement, mais juste au bord, se rattrapant d’une blague, d’un silence avalé, d’un « c’est comme ça, c’est tout ». Au moment où le journaliste Nicolas Legendre sort une grande enquête sur le système agro-industriel breton, Mon Père avait trois vaches se situe à l’échelle humaine, souligne que la question du modèle agricole est un choix de vie familial avant d’être une politique nationale ou européenne. « Est-ce que j’ai fait le bon choix », se demande un des personnages d’Yves-Marie Texier, appelant chacun, professionnel ou consommateur, à se poser la question. Mon Père avait trois vaches est une création 2022 de la compagnie Mouton Major, basée à Pluvigner.

Voir les dates de représentation sur le site de la compagnie.

Yves-Marie Le Texier Mon père avait trois vaches