Au Triskell, Ploeren, jusqu'au 29 avril

Valérie Jayat a du arpenter souvent le chemin côtier, la grève, l’estran, les fonds de rias connus de quelques pêcheurs à pied… Elle a foulé le goémons séchés, longé les vieilles coques échouées, esquivé les bancs de sables où les pieds s’enfoncent dans la vase, pris garde aux coquilles qui coupent. Elle a aussi regardé le curieux peuple de cette frange côtière, touristes en familles, locaux affairés. Ses tableaux portent les couleurs usées par le vent et la mer, le bleu chantier pas fini, le rouge desséché, le gris fatigué, le jaune qui s’évapore. Ses personnages sont suréquipés, la tête en scaphandre, le nez en trompe pour pomper, ils sont figés, enserrés de bouts de filet ou de tuyaux, ils marchent pesamment dans l’air liquide et font des bulles. Cette vision hallucinée du bord de mer nous paraît pourtant familière, ses couleurs plus réelles que les chatoiements qui transportent la presqu’île de Rhuys sur la Côte d’Azur. Ses toiles sont lourdes de sel, chauffées sous un ciel laiteux. Elles donnent à voyager tout autant qu’une simple promenade dans le coin du golfe où vit Valérie Jayat (voir son site), à Saint-Armel. Elle mélange peinture à l’huile, à l’eau, lasure, elle pose au couteau, racle, fait couler de l’encre, empile les couches, remplit ses toiles de moments passés qui disparaissent à la vue, sauf à gratter. Les humains ont des têtes d’animaux, parlent aux méduses, poussent des landaus d’algues. Derrière l’ambiance sourde et le non-sens, Valérie Jayat raconte des histoires de rapports humains, mais laisse chacun les interpréter à sa guise.

Valérie Jayat
Valérie Jayat
Valérie Jayat
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