Exposition Transformations silencieuses, au Huelgoat, jusqu'au 4 septembre

Comment laisser le végétal et l’animal parler dans des aquarelles, dessins et sculptures ? A rebours du regard scientifique de Coralie Cornou qui est invitée en résidence à Callac par La Fourmi-e (lire par ailleurs sur drubretagne.bzh), Sylvain Le Corre se plait à contempler les excroissances, les germes protubérants… Et il rêve. Quelques tiges jaillissant d’un tronc nu lui font penser aux flèches perçant Saint-Sébastien. Ce n’est pas qu’il montre des plantes martyrisées. Au contraire, sous les mains de Sylvain Le Corre, les plantes jouent leur rébellion aux codes esthétiques humains. Il fait germer des volumes minéraux, explore des boursouflures de champignons sur des branches, couvre de moisissures un corps humain. Le trait est précis, économe, le plus souvent en noir et blanc, et cette sobriété contribue à l’efficacité du propos : ce qu’on montre n’est toujours qu’un détail. Cette exposition à l’espace d’art contemporain Méandres présente, dans une autre aile, le jardin-laboratoire du duo Julie Bonnaud & Fabien Leplae, sous le titre commun Les Transformations silencieuses. Difficile cependant de parler des deux dans le même article, car le lien entre les deux approches ne se voit pas, si ce n’est par l’intérêt pour le végétal, sujet de préoccupation prépondérant chez les artistes actuels. Diplômé de l’ESAAB Lorient, Sylvain le Corre vit à Lorient. Né en 1988, il travaille souvent en duo avec Nicolas Desverronières ou avec le collectif lorientais Multi-Pistes.

Sylvain Le Corre : ce qu'il en dit

« Je dessine, je fabrique des volumes, j’essaye d’assembler ces productions pour évoquer des « paysages fantastiques » et les donner à voir à d’autres. Ma relation à la nature environnante est un point de départ ; j’y prélève des éléments parfois réels mais qui sont des amorces de rêveries que j’incarne en cherchant chaque fois un langage, une nouvelle iconographie pour mieux comprendre, mieux analyser ce que j’ai choisi d’avoir sous les yeux.

J’ai souvent besoin de me promener, d’explorer la « petite campagne ». L’aventure prend la forme d’expédition naturaliste (j’emporte Jean-Henri Fabre) pour aller méditer, marcher, errer dans des « promenades non lointaines » (jamais loin, pourvu que cela soit dans un semblant de nature).

Ma recherche cependant n’est pas rationnelle. Ma relation au paysage (qui va du jardin au sentier côtier, à la petite forêt entre deux villages ou lotissements) est fantasmée, entre fascination et inquiétude. J’observe le minéral, le végétal, l’animal. A partir de notes, dessins, croquis, relevés de lectures qui s’accumulent sur des morceaux épars, je reconstruis, j’assemble toutes ces sensations sous forme d’univers que je recrée. Cette accumulation de matériaux (prélevés sur place) et d’expériences (photos, dessins, notes), me permet de réinventer des mondes. » (Extrait du site internet de l’artiste)