Un concert pour l'album Talm ur galon

Les fest-noz reviennent à la vie. Startijenn est attendu à Bannalec le 5 mars et à Saint-Brieuc le 12 mars. Pourtant, c’est sur un autre événement que travaille ce groupe de musique à danser à l’énergie rock. Nous l’avons rencontré, mi février, au centre culturel Le Roudour, à Saint-Martin-des-Champs (29). Startijenn préparait la sortie de son septième album Talm ur galon, annoncée le 8 avril. Il élaborait un spectacle version concert, avec les conseils scéniques de Sylvain Girault. Objectifs : mettre en valeur les ballades, la diversité des compositions où il y a du rap, du slam, et aussi les contrastes entre accordéon, bombarde, biniou, uilleann pipes… Lire ci-dessous l’interview où Startijenn explique que les tournées à l’étranger leur ont donné envie de construire une formule concert dont la première sera donnée à Amzer Nevez à Plœmeur le 20 mai et dès le lendemain à Paris

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Startijenn

"La volonté de prendre
une autre dimension"

Ce spectacle qui correspond à Talm Ur Galon sera totalement différent du set de fest-noz ?

 

De nos expériences à l’étranger, on s’est rendu rendu compte que la musique plaisait, mais qu’on avait des choses à améliorer. C’était l’occasion d’un spectacle neuf. Ce travail-ci aura une influence sur le fest-noz. Avant l’épisode covid, on avait mis un pied sur le réseau des tournées à l’étranger avec les festivals world et folk, un peu partout en Europe, en Australie. On a pensé qu’il fallait dimensionner un set pour ces festivals et pour les personnes qui n’ont pas les codes de notre musique. S’il n’y a pas l’interactivité du fest-noz avec les gens qui dansent, il faut la recréer autrement. Ce qu’on voulait c’est d’avoir du contraste entre les morceaux. Sur le conseil de Sylvain Girault, on l’a construit en trois parties. Cela permet de donner une autre dimension, une autre dynamique, en particulier si on se trouve face à un public assis.

 

Donc, contrairement à d’autres qui ont fait des spectacles de concerts à cause de l’interdiction des fest-noz de la crise sanitaire, vous aviez déjà cette idée avant le covid ?

 

Oui. On était en Australie quand la pandémie est arrivée. On avait eu l’occasion d’aller en Espagne, au Danemark, en Italie, en Ecosse. Ça nous plu à fond. On est un vieux groupe. Ça nous a donné l’énergie de nous remettre en question, d’avancer. Cela fait 25 ans que je [Tangi Oillo parle] joue avec Tangi [Le Gall-Carré] et Younn [Roué]. On avait treize ans à l’époque. Julien Stevenin est entré en 2010 et Lionel Le Page en 2012. Il y a fait donc plus de dix ans que cette formation existe.

Et ce projet a été pensé pour le faire à cinq, sans chercher à inviter d’autres musiciens.

 

L’album et ce spectacle, vous les voyez comme un tournant dans l’histoire du groupe, ou une parenthèse ?

 

Non, pas une parenthèse, c’est la volonté de prendre une autre dimension, sans oublier d’où on vient.

Contrairement au set de fest-noz, le concert n’est pas une succession de morceaux. Il raconte une histoire, du début à la fin. C’est ce qu’on veut mettre en valeur et partager.

 

Sachant que Talm ur galon, il y a beaucoup de morceaux où l’on peut aussi danser…

 

C’est depuis toujours dans l’histoire du groupe d’avoir une musique de danse qu’on peut aussi écouter. Après, dans les avancées qu’on a pu faire sur Talm ur galon, il y a l’idée d’être peut-être moins dans l’énergie. On utilise le Uilleann pipes, on met en valeur chacun des instruments du groupe.

 

Visuellement, vous avez choisi un style rock années 80 pour la jaquette…

 

On ne s’est pas trop posé de questions. On a tourné un clip aussi, pour la première fois, avec un premier titre qui sort sur les plateformes le 17 mars. On avait énormément de captations live, mais jamais de clip. Il est en noir en blanc, réalisé par Yannick Derennes qui, malgré son nom, est de Quimper…

 

Comment faites-vous pour composer ?

 

On part d’un thème mélodique, apporté par un des membres du groupe. On travaille ensuite de façon collective pour le modifier, chercher des arrangements. On part souvent d’une base de danse traditionnelle, quelque fois juste rythmique, qu’on retravaille. Sur cet album il y a une recherche particulière d’originalités dans les mélodies. Ensuite les arrangements, les choix de sons changent beaucoup l’impression finale. La piste 2 est un plinn, mais le groove posé dessus donne une ambiance dub. Il n’aurait pas sonné pareil avec une façon classique de jouer. Ce qui est cool, c’est qu’on arrive à en faire un morceau assez long, 5 minutes, en développant la même mélodie, avec une progression. On est pas dans la succession de plusieurs thèmes comme on aurait pu le faire par le passé.

Startijenn Talm ur galon (photo Eric Legret)
Startijenn Talm ur galon (photo Eric Legret)