Sortie en salle du deuxième film de Robert Coudray, Heureux les fêlés

Il est cidrier, elle est journaliste. Ils pourraient bien s’en contenter et vivre leur amour, mais leur rencontre est l’étincelle qui ranime leurs rêves d’enfance. Le cinéma pour lui, le dessin pour elle. Heureux les fêlés raconte la réalisation d’un film comme une révélation de soi à travers un projet de vie : l’énergie pour se hisser et voir au-delà, les efforts, les chutes, le découragement, le drame dévastateur, la renaissance grâce à l’amitié. Le deuxième film de Robert Coudray, le « poète-ferrailleur » de Lizio (56), raconte une autre facette de J’Demande pas la lune (2013). Ici, l’accomplissement prend une hauteur mystique grâce à la présence émouvante du poète Jean Kergrist, décédé quelques semaines après le tournage. Heureux les fêlés n’a pas les codes du cinéma. Il se fait avec peu de moyens (une aide de la région Bretagne quand même), montre des gens « vrais », les acteurs ne jouent pas comme sur Netflix, l’histoire se passe à côté… Et pourtant on est emporté par le rythme et surtout par ces personnages à fleur de peau. Robert Coudray aurait pu risquer plus d’audace de mises en scène. Il se contente de deux courtes incartades burlesques. Son film tire vers la gravité, même s’il fait beaucoup sourire et un peu rire. Et il a écarté le mode de la fable. Certes ses personnages sont fantasques, en marge, évoluent dans une joyeuse bulle rurale que n’atteignent pas les problèmes du monde. Mais il est au plus près de leur complexité, leurs doutes (« à quoi ça sert ? ») et de leur fragilité, jusqu’à la brutalité égoïste qui aveugle le pilote d’une entreprise, fut-elle artistique… On en ressort d’autant plus ému et enthousiasmé par cette formule magique qui allie dénuement, allégresse et réussite.

Sortie officielle le 9 novembre. Voir les dates sur www.heureuxlesfeles-lefilm.com