Lettres de Bretagne et ultimes chagrins

Après Secrets de familles (Editions Montagnes noires, 2022), Gérard Le Gouic signe Lettres de Bretagne et ultimes chagrins (Diabase). Ce sont 80 poèmes de sept lignes, tous adressés à la « grande disparue ». Gérard Le Gouic lui parle pour franchir la frontière de la mort, rappelant sans cesse d’où il écrit : de “Bretagne petite”, d’une “citadelle esseulée”, du “chemin creux”, de “la fumée au-dessus des toits”… Derrière sa fenêtre, il regarde novembre éprouver la nature et se pose ainsi à un point de l’espace, du temps ou d’un sentiment pour détailler des souvenirs en pointillés. C’est une poésie rugueuse, inconfortable. Mais on y cale son dos, comme sur un rocher, et on entend la voix claire d’un vieil homme. Les regrets y planent mais ne se lamentent pas. On finit par y entendre d’autres voix de ce pays et, parmi elles, celle de sa propre solitude. Né en 1936, Gérard le Gouic a grandi à Paris dans une famille originaire de Rédené. Il a vécu en Afrique, puis, à partir de 1969,  a tenu un magasin de souvenirs à Quimper, pendant trente ans. Il a écrit quantité de recueils de poèmes, romans, récits, nouvelles, journaux personnels. 
Lettres de Bretagne et d’ultimes chagrins. Editions Diabase, 96 pages, 13 euros.

Gérard Le Gouic

Extrait du recueil de Gérard Le Gouic

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Les vêtements austères de l’automne

qui habillent ma maison et ses abords

sont des tenues d’un autre siècle

qu’on exhume des malles en osier

dans la lumière de myope des greniers.

Je les déploie, les époussette, les porte à mes narines.

Je t’écris d’une calèche aux chevaux lents et roux.