C’est un pari d’exposer ensemble deux artistes au langage différent sous le prétexte qu’ils vivent ensemble. Au musée des Beaux-arts La Cohue, les œuvres de Corinne Véret-Collin alternent avec celles de Pierre Collin. Alors, on commence par chercher les clés du dialogue, mais la singularité s’impose. Corinne Véret-Collin raconte des histoires avec ses tableaux qui sont aussi des sculptures, assemblages de tressage métallique auxquels se suspendent des silhouettes noires de personnages en tôle, manège humains en équilibre sur des racines d’arbres dénudées par le fleuve… Corinne Véret Collin découpe, encre et colle, décompose des images de paysages pour conter un itinéraire personnel, un déplacement. Comme on cherche toujours un peu le dialogue entre les deux artistes, on est frappé par la placidité du regard de Pierre Collin. Il le pose sur un rocher ou un trait de côte du Morbihan et ne bouge plus, en approfondit toutes les formes et les couleurs dans des huiles sur papier. Le sujet (paysage, rocher, l’anse du Men Du) se reconnaît toujours au fil de la série, mais il n’est plus qu’un complice du jeux des lumières et de la marée. Ce contraste ombre-lumière structure les gravures à l’eau forte de Pierre Collin, comme dans les séries Barnenez et Locmariaquer. Dans la série Le chemin de Conleau (les arbres, la mer, des promeneurs), ces cadres d’ombre se superposent, comme des projections de souvenirs, la présence de moments vécus. Voilà enfin, ce point de croisement avec l’approche de Corine Véret-Collin ! Et cela se concrétise avec émotion dans une œuvre commune, « une boite-tunnel » signée par les deux artistes.

Corinne Véret-Collin est née en 1956 à Paris. C’est aux Beaux-arts de Paris qu’elle rencontre Pierre Collin. Ils auront deux fils. Dans les années 80, les expositions se multiplient, mais une longue maladie interrompt son travail et elles ne reprendront que dans les années 2010. Pierre Collin est né en 1956, à Paris. Dessinateur, peintre et graveur, il a réalisé ses premières expositions personnelle simultanément en gravure et peinture en 1983 à Paris. Une exposition lui avait déjà été présentée en 2007 à La Cohue. Il est professeur de gravure à l’Ecole européenne supérieure d’art de Bretagne (EESAB – site de Lorient).

Depuis les années 90, ils vivent et travaillent sur la presqu’île de Conleau au sud de Vannes.