Documentaire sur France TV jusqu'au 10 juillet

Après le débarquement des armées alliées, l’écrivain briochin Louis Guilloux fut recruté comme interprète auprès de l’armée américaine en campagne. Il fut confronté à la face sombre de la libération : les viols et meurtres commis par les soldats américains sur les civils, les enquêtes et procès en cour martiale, les condamnations à mort. Il a attendu trente ans avant de le raconter dans un livre, OK, Joe !, paru en 1976. Dans son film, Philippe Baron réalisateur breton, repart du livre qui vient d’être réédité en poche. Il retrouve des témoins en Bretagne, qui se souviennent du traumatisme familial ou qui assistèrent à des pendaisons. Les exécutions publiques étaient sensées prouver l’efficacité de la justice militaire. Elles servaient surtout la diabolisation de la figure du Noir, car la grande majorité des militaires condamnés étaient afro-américains. Quand Louis Guilloux pose douloureusement la question « pourquoi », Philippe Baron analyse avec des historiennes cette volonté de l’armée américaine de constituer un « nigger problem » (pour les viols en particulier), un « problème nègre », façon de justifier la ségrégation qui sévissait dans l’organisation militaire états-unienne. Cet émouvant documentaire à travers la campagne bretonne montre les traces laissées par les drames étouffés. Encore Philippe Baron n’est-il pas allé chercher, de l’autre côté de l’Atlantique, la mémoire des familles des soldats condamnés. Réalisation Philippe Baron. Production Les Films du Sillage / France Télévisions A revoir sur France TV jusqu’au 10 juillet.

Philippe Baron Ok, Joe !