André Even à la Chapelle des ursulines et à la médiathèque jusqu'au 9 octobre

Cette année, la grande exposition estivale de Quimperlé ressemble à un miroir tendu par André Even sur la campagne et les villes de ce territoire. Avant tout, on est surpris par son regard sur ces lieux qu’il aimait et qu’on reconnaît, les champs émaillés de maisons blanches, les chapelles, les rues de Pont-Aven, les bouts de côte (Kersidan, Trescao, Doëlan…). Un regard qui est étranger à la représentation folklorique, loin de l’attendrissement et des couleurs lascives. André Even peignait avec rectitude et une économie des signes, pas seulement les rues et les murs droits des maisons, mais aussi les arbres (il les aimait nus en hiver), les courbes incertaines des champs, comme obéissant à un ordonnancement intérieur et sans chercher un effet émotif sur le spectateur. On pourra lier cette attitude spirituelle à son expérience dans l’art sacré. Sa biographie peut aussi renvoyer au traumatisme de la deuxième guerre mondiale. Plus probablement tout cela était un choix esthétique réfléchi. Ainsi ses perspectives, sans point de fuite, ne sont pas pour autant naïves. Et sa technique personnelle de peinture à la cire qui produit un effet marbré crée une distance particulière à la figuration des paysages. La surface plate de ses mers, ponctuées de silhouettes de barques reflète plus un état méditatif que le paysage lui-même. La chapelle des Ursulines est le lieu parfait pour cette exposition qui offre une compréhension émouvante de la vie artistique d’André Even. Disparu dans un accident de vélomoteur en 1997 à 79 ans, André Even s’était installé en 1975 à Riec-sur-Belon après vingt ans à Paris. Il était né en 1918 à Pont-Aven et avait rencontré des peintres de Pont-Aven qui fréquentaient l’alimentation-charcuterie de ses parents (Emile Bernard, Emile Jourdan, henri Delavallée). Mais c’est l’expérience de la guerre qui déterminera sa vocation.

En 2017 s’est constituée une société des amis d’André Even qui avait monté une première exposition à Riec avant de proposer cette rétrospective à la Ville de Quimperlé où il avait bénéficié d’une première exposition en 1995.