A Botsorhel, exposition jusqu'au 6 juin

Gilbert Jullien raconte qu’il a commencé à peindre en 1958, parce qu’il aimait cela, en refusant de prendre des cours, en jetant des couleurs « en vrac », sans trop réfléchir. Cela se passait dans la Provence où il vivait alors. Il en a vendu rapidement et quelqu’un lui a fait remarquer que cela ressemblait au mouvement COBRA. Aujourd’hui, Gilbert Jullien a 78 ans continue à peindre de cette façon, rapidement, sans intention prédéfinie, sans avoir peur de « faire mal aux yeux ». Il s’est installé depuis quelques décennies à Botsorhel d’où est son épouse et il expose avec deux camarades en expressionnisme, Danielle Le Bricquir (installée à Perros-Guirec) et Frédéric Le Blay (Hennebont). Leur affiche proclame fièrement CoBra Suite, comme signe de reconnaissance, en référence à un mouvement d’après guerre qui rejetait toute assignation à l’expression de l’artiste, et prônait l’insoumission aux écoles au profit de la spontanéité. Dans cette fabuleuse petite chapelle du Christ (sur la route entre Botsorhel et Guerlesquin, pas facile à trouver), il ne faut pas avoir peur de la saturation. Les couleurs fortes jaillissent. Les sujets, pour Gilbert Jullien, paraissent secondaires. Il dit qu’il n’en a pas idée avant de commencer. Danielle Le Bricquir, elle, s’inscrit dans un registre fantastique et Frédéric Le Blay a une approche plus figurative : portraits, paysages urbains avec un filtre onirique complexe.

Qu'est ce que Cobra ?

Le nom Cobra est l’acronyme de Copenhague, Bruxelles, Amsterdam, du nom des villes de résidence de la plupart des membres fondateurs de ce mouvement : Christian Dotremont, Jacques Calonne, Joseph Noiret, Asger Jorn, Karel Appel, Pierre Alechinsky, Carl-Henning Pedersen, Constant, Corneille, Jan Nieuwenhuys, Pol Bury, Georges Collignon, Henry Heerup, Egill Jacobsen, Ejler Bille, Jacques Doucet et Jean-Michel Atlan. De 1948 à 1951, le mouvement Cobra va se définir comme une aventure collective d’artistes à la recherche « de formes artistiques non encore contaminées par les normes et les conventions de l’Occident » ou d’art populaire européen, d’art naïf. Ses membres rejettent toute obédience à des dogmes en « ismes » et l’instrumentalisation politique de l’art. Danielle Le Bricquir, présente dans cette exposition, a publié plusieurs articles sur le mouvement CoBra. Voir sa fiche wikipedia.