La Brune, troisième album de 'Ndiaz

Le troisième album du groupe ‘Ndiaz qui sort le 10 février se nomme La Brune, en référence à ce moment où la journée change de lumière pour basculer vers la nuit… Ce qui frappe d’emblée, c’est le son ; avec la puissance de la batterie et de la basse, le groupe sonne désormais plus rock progressif que musique du monde. Sans changer d’effectifs ‘Ndiaz a baissé son centre de gravité. Les compositions semblent moins construites sur les thèmes des sonneurs (Youn Kamm à la trompette, Timothée Le Bour aux sax). L’accordéon de Yann Le Corre, qui joue aussi les basses sur son Electravox, devient un pivot et Jérôme Kerihuel, passant des percussions à la batterie, fait groover l’ensemble. L’ambiance se teinte d’électro, mais les mélodies conservent un esprit « musique du monde ». Qui n’a pas suivi le chemin de ‘Ndiaz depuis 2013 aura du mal à reconnaître la source bretonne, mais le résultat est très séduisant, avec une belle variété de compositions, des mélodies qui font mouche, des moments psychédéliques, des fusées lyriques dignes du hard rock… et l’apparition trop discrète de la chanteuse chilienne Paz Court qui laisse penser que ‘Ndiaz peut encore s’ouvrir à d’autres paysages. L’album confirme l’envergure internationale de ‘Ndiaz, formation accompagnée par L’Usinerie et Paker Prod. De retour d’Ecosse, le groupe est attendu dès cette année en Pologne, République Tchèque, Canada… Ce qui ne l’empêche pas de rester présent en fest-noz, comme ce 10 février à Rochefort-en-Terre à l’Etang moderne. Les dates en mars : à Paris le 9 (Cabaret sauvage), A Quimper le 10 (Théâtre de Cornouaille avec Fleuves), à Baud le 18 (fest-noz avec Fleuves)…

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Yann Le Corre, de 'Ndiaz : "Il a fallu recréer le son du groupe"

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Quelles étaient vos intentions pour ce troisième album ?

Sur les deux premiers on avait dit ce qu’on voulait dans un esprit acoustique. On s’est creusé la tête et on a voulu aller sur d’autres terrains. L’arrivée du confinement nous avait privés d’une partie de notre métier, mais aussi donné du temps. Et cela a été long. Il a fallu recréer le son du groupe.

Cette basse est en fait ton accordéon ?

C’est un Electravox, un orgue des années 60 que j’ai remis en état de marche. Je suis passionné par l’image qui ne va pas avec le son : on n’entend pas ce qu’on voit on voit. C’est un orgue en forme d’accordéon, mais on n’entend pas un accordéon. Le son est particulier, assez droit et on l’a refait passer par des synthés, des Moog, des reverb Hammond. Cela a pris du temps de mise en place. Le nouvel album est aussi parti de ce nouvel instrument.

La trompette et le sax paraissent moins en avant, et portent moins de solos. Vous vouliez ce rééquilibrage ?

Oui, on a eu envie de contrebalancer l’équilibre où les sonneurs étaient devant et aussi simplifier le discours. On voulait être plus narratifs, que l’on comprenne plus facilement, avec moins de solos. On avait envie d’un rendu plus rock progressif, plus musique électro, en travaillant sur le son plus que sur des instruments acoustiques.

Quel est le rapport de ‘Ndiaz avec la musique de fest-noz aujourd’hui ?

Cela reste toujours de la musique à danser, mais moins dans les codes dont on a l’habitude. Depuis le dernier album on a beaucoup voyagé, beaucoup bougé, on s’est un peu retiré d’une manière de faire. Ce sera moins évident pour la danse, mais on indique aussi dans l’album les références de danse. Les danseurs vont s’y retrouver ! La musique bretonne à danser, on ne pourrait pas se l’enlever, même si on le voulait, mais on peut s’en jouer.

 

Lilens d’écoute :

La Horde

Primera Estrella