Certaines croyances anciennes se figuraient l’existence d’un autre monde, sous la sous-terre, peuplé d’êtres étranges éclairés d’une lumière sombre. On y entrait par la forêt tout comme on descend les escaliers pour découvrir l’exposition Le Goût de l’écorce – Blaz ar rusk, à la galerie Pierre Tal-Coat. Les tableaux grand format y attendent dans l’ombre, dessins d’arbres figuratifs aux couleurs qui glissent insensiblement du réaliste au fantastique. Les grandes acryliques sont accompagnées de dessins, pastels, encres qui saisissent des branches dans des formes allusives ou rêvassent sur un champignon, une écorce. Monsieur QQ aime dessiner au fil de ses promenades et n’annonce pas d’autre intention que d’en ramener des images comme on ramasse des champignons ou de jolies feuilles. Ni naturaliste (même si le trait est précis), ni lanceur d’alerte écologiste, il joue l’artiste dilettante invitant à partager la magie d’une expérience immersive. On peut trouver que les pièces manquent d’ambition esthétique. On peut juger anachronique cette visite à la lueur d’une lampe frontale pour regarder des images d’arbres. L’exposition reflète aussi un état du rapport actuel à la nature.

Monsieur QQ est installé depuis une dizaine d’année à Locmiquélic. Illustrateur, peintre, vidéaste, graphiste, sculpteur, concepteur de scénographies et décors pour le théâtre, le cinéma ou les musées, il se dit touche à tout et assume un goût pour le ludisme proche de la bande dessinée. Il est diplômé en arts plastique et en design à l’Institut Saint-Luc (Belgique). L’exposition Le Goût de l’écorce reflète cette légèreté d’esprit et transmet ce plaisir du jeu avec les images, tout en rappelant, car la lumière se rallume de temps en temps, qu’on n’est pas dans la réalité virtuelle, mais bien devant un travail d’artiste.