Création au Théâtre de Cornouaille de Quimper, le 22 février

Moger est de retour avec There must be a passage, une création musicale au Théâtre de Cornouaille. Malgré le nom du groupe (« mur » en breton) et l’ancrage « Kreiz Breizh » de plusieurs de ses musiciens, la musique bretonne traditionnelle est juste discernable dans un univers que l’on situe plutôt dans le champ « jazz, musiques improvisée ». Il faut laisser tomber les étiquettes pour goûter une exploration où l’on trouve des traces de chant folk d’Outre-Manche, de musique contemporaine, de rock, de slam… Cet extrait en donne un aperçu. Dylan James est au chant et à la guitare basse, mais la composition est le produit collectif des cinq musiciens qui formaient le noyau de Moger, dès 2013 : Etienne Cabaret (clarinette basse), Régis Bunel (sax), Dylan James, Nicolas Pointard (batterie) et Grégoire Barbedor (tuba), ce dernier ayant quitté l’aventure pour d’autres projets. Quatre artistes rejoignent Moger : Sakina Abdou (flûte à bec basse, sax, chant), Christelle Séry (guitare électrique, chant), Pauline Willerval (violoncelle, gadulka, chant), Floriane Le Pottier (violon). Les textes sont de la Rennaise Griselda Drouet, écrits en dialogue avec Dylan James. Moger est accompagné par Musiques têtues

Interview : Dylan James, chanteur, bassiste et auteur de Moger Orchestra

Dylan James Moger Orchestra

Quelle est l’histoire de Moger ?

Le groupe a commencé à créer aux alentours de 2013 avec une première création qui était une extension de la formule en quintet. On avait invité 8 soufflants et un arrangeur. Ensuite Time of defeat a joué en 2017 et débouché sur un CD. Et on avait déjà alors déjà commencé à s’atteler au nouveau répertoire, There must be a passage que nous présentons aujourd’hui.

Au niveau des textes, Griselda Drouet, qui est rennaise, avait écrit le premier corpus. Elle est passionnée de littérature anglophone. Sur ce deuxième répertoire, on eu l’idée d’écrire en dialogue entre elle et moi et entre la musique et les textes. Les textes parlent de sorcellerie, de dystopie, de dérèglement climatique, en jouant sur les temporalités entre 19è et le futur, avec l’idée de sortir un peu de l’aspect sombre du premier album, c’est à dire de trouver un chemin vers la sortie, d’où le titre.

Qui compose ?

Les compositions sont collectives. Le groupe a toujours fonctionné comme cela. C’est à dire les cinq musiciens d’origine (Etienne Cabaret Régis Bunel, Nicolas Pointard, moi et Grégoire Barbedor qui a arrêté depuis pour se consacrer à d’autres projets). Ce qui est particulier pour There must be a passage, c’est que les arrangements on été confiés à 4 personnes : Christelle Séry, Nicolas Pointard, Pauline Willerval et moi-même. Dans les quatre artistes invités pour cette création, deux viennent de l’univers des musiques improvisées et du jazz, Christelle Séry et Sakina Abdou, tandis que deux sont plutôt en lien avec la tradition orale, la musique traditionnelle et sont basées en Bretagne : Pauline Willerval et Floriane Le Pottier.

La musique traditionnelle bretonne s’entend-elle dans cette nouvelle création ?

Je ne pense pas que cela se ressente dans la musique. On n’essaye pas de créer un lien avec la tradition musicale bretonne, mais on a une attache au Centre Bretagne, et on a l’idée de circuit court. Promouvoir la tradition orale et populaire fait partie de cette idée. Mais cela ne s’entend pas forcément, sauf pour certains musiciens qui nous le disent. Moi qui ai travaillé les ballades folk avec mon père, j’ai peut être une façon de poser ma voix qui renvoie à la musique traditionnelle…

Avez-vous une position de leader dans Moger ?

Non pas du tout. C’est l’image que donne celui qui porte du texte parce qu’il a un micro. Je me suis plus investi dans le sens où j’ai écrit des textes, mais pour mon plaisir personnel. Dans certains autres groupes, je mène peut-être plus la barque. Dans Moger, Etienne Cabaret et Régis Bunel mènent bien la barque…

Quel est votre parcours personnel ?

Je suis d’une famille de musicien. Mon père Mike James, est Gallois. Il est accordéoniste et chanteur professionnel, ma mère française est flûtiste amateur. J’ai grandi entre la Grande Bretagne et la Bretagne et je suis arrivé à l’adolescence dans la musique en autodidacte, au début des années 2000, par des musiques rock. J’ai suivi des études en sciences sociales à Londres et, en revenant, je suis parti à fond dans la musique. Je suis allé vers des créations originales avec un pied dans les musiques traditionnelles et j’ai toujours été attiré par l’improvisation.

 

Dylan James a joué avec des groupes comme Tri Dipop, Skaramaka. Il a participé a la Kreiz Breizh Akademi (2010-2012) où il a rencontré Etienne Cabaret. Il insiste particulièrement sur l’importance de sa collaboration actuelle avec Emmanuelle Bouthillier dans les formations Planchée et l’Abrasive. Il accompagne aussi le chanteur breton Vince Lahaye, travaille toujours sur de la poésie avec son père et dans le trio jazz du guitariste Rennais Paul Andrzejewski sur des textes d’autrices qui s’adressent à la part masculine de la société.