E Jardrin ur Stourmer (Dans le jardin d’un militant) est d’abord un film hommage sur Martial Ménard (1951-2016). Néanmoins le réalisateur Mikael Baudu montre aussi bien les fragilités que les forces d’un homme connu aujourd’hui surtout comme un ardent défenseur de la langue bretonne, auteur infatigable de dictionnaires. Mikael Baudu traite le sujet chronologiquement depuis la naissance en région parisienne dans une famille bretonne modeste. C’est pendant son service militaire en Guadeloupe qu’intervient la prise de conscience de l’identité bretonne de Martial Ménard. Il fait le lien entre les politiques d’assimilation culturelle, les luttes de décolonisation dans années cinquante et soixante dans le monde et la situation de la Bretagne. Martial Ménard est un jeune homme d’action. On est alors dans les années 70. Il apprend le breton, devient un combattant, pose des bombes, au nom du FLB-ARB (Front de Libération de la Bretagne-Armée révolutionnaire bretonne), contre des symboles matériels comme un pylône de la centrale de Brennilis. Il est condamné à sept ans de prison en 1979. En cellule, il étudie, lui qui n’a qu’une formation de cuisinier après le certificat d’études. Libéré après l’élection de Mitterrand, il s’engage avec Diwan, crée des livres pour enfants, fonde la maison d’édition An Here… Mikael Baudu accorde une large part des témoignages aux camarades de la génération de Martial Ménard. Le réalisateur se tient à distance de la psychologie et de la vie privée de son sujet, mais fait tout de même parler le fils et n’esquive pas les crises sociales qui ont touché An Here. Mikael Baudu aurait pu approfondir la question politique, les idées séparatistes, mais il livre l’essentiel d’une personnalité radicale, animée d’une grande force de travail et conviviale.

Production France Télévisions / France 3 Bretagne. Mikael Boudu avait réalisé en 2021 An alc’hwez aour, (La clé d’or), documentaire sur la lutte pour la sauvegarde de la langue bretonne.

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