Concert le 8 avril au Novomax à Quimper, le lendemain de la sortie de l'album

En deux albums, Dantzig Twist et Rue de Siam, sortis respectivement en 1979 et 1981, le groupe rennais Marquis de Sade a marqué le paysage du rock en France, avant de se séparer. Après s’être reformé en 2017, pour quelques concerts, il a commencé à travailler sur un troisième album. Le décès du chanteur, Philippe Pascal, a profondément affecté les membres de la formation et chamboulé une grande partie des plans. Mais la volonté du guitariste Frank Darcel et de ses acolytes de mener à bien ce projet a été plus forte. C’est ainsi, qu’en 2021, et sous le nom de Marquis, sortait Aurora, un opus enregistré avec différents chanteurs, dont Simon Mahieu, jeune artiste belge qui est depuis devenu le leader du groupe. Aujourd’hui, Marquis sort un nouvel album, intitulé Konstanz, et qui démontre que la formation n’a rien perdu de sa superbe. Entretien avec Frank Darcel, l’un des fondateurs historiques de Marquis (de Sade) à lire sur Drubretagne. Erwan Bargain

Marquis groupe

Frank Darcel, de Marquis : "Nous sommes résolument un groupe européen"

Simon Mahieu, votre nouveau chanteur a pris part à l’écriture des textes. Comment avez-vous procédé ?

 

Frank Darcel : J’ai écrit la plupart des textes en français, et pour les textes en anglais Simon en a écrit quelques-uns, seul également. Mais on échange pour être sûr qu’on adhère à ce que fait l’autre, et puis parfois, dans la langue de Shakespeare, j’envoie une idée de refrain, deux trois phrases de couplet, et il complète. Ça fonctionne car nous avons appris à nous connaître, sur scène et en dehors. Il y a une complémentarité facilitée paradoxalement par notre différence d’âge et de localisation, ainsi nous avons connu des expériences de vie très différentes et avons envie de les partager, entre nous et en direction du public.

 

Français, Allemand, Anglais et même un refrain en Breton sur le morceau d’ouverture… Pourquoi cette volonté d’écrire en différentes langues ?

 

Avec Marquis de Sade, nous prétendions être un groupe européen car les cultures de différents pays qui composent notre continent nous inspiraient. Avec Simon, nous sommes résolument un groupe européen car il est belge et le fait qu’il soit flamand implique qu’il a démarré l’anglais très jeune, une langue cousine du néerlandais, qui est sa première langue. De fait, il parle également couramment allemand. La langue française est seulement sa quatrième langue apprise mais il communique avec nous par mail, de plus en plus en Français. Toutes ces langues sont une richesse pour le groupe, elles permettent d’aborder les choses en nuançant différemment, de toucher plus de gens, ici et ailleurs. Et pour paraphraser ce titre de TC Matic que nous reprenons sur scène : » Putain, putain, c’est vachement bien, nous sommes quand-même tous des Européens ! »

 

Peux-tu nous dire deux mots sur les nombreux invités présents sur l’album ?

 

Comme avec Aurora il nous a été assez facile d’inviter des musiciens connus à venir jouer sur le disque. Avec les anglo-saxons, c’est très simple. Si on est mis en contact par la bonne personne et que le musicien que l’on souhaite inviter aime le titre, ça se fait sans problème. Ainsi c’est gratifiant pour nous d’avoir Vernon Reid (guitariste de Living Colour), Jared Nickerson (bassiste de The The) ou encore Mac Gollehon, responsable des cuivres de Nile Rodgers, avec nous, mais il faut évidemment que ces invités soient en phase avec le titre sur lequel ils jouent, qu’ils apportent quelque chose en rapport avec leur talent exceptionnel, que ce ne soit pas juste du name dropping. N’oublions pas Pierrick Pedron au saxophone, mais nous étions en contact depuis longtemps avec lui. Cet aréopage trié sur le volet a vraiment beaucoup apporté à Konstanz. Et puis, il y a aussi un ami fidèle, Ivan Julian, avec qui je collabore depuis plus de dix ans, et qui est l’ancien guitariste des Voidoids et le co-compositeur de l’hymne punk américain Blank Generation. C’est dans le studio d’Ivan aussi qu’ont été enregistrées les sessions américaines de Konstanz, Ivan est notre ambassadeur aux USA en quelque sorte…

 

Parmi ces invités figure Elli Medeiros. Pourquoi as-tu pensé à elle ?

 

Elli et moi nous connaissons depuis très longtemps et il se trouve que pendant les sessions d’enregistrement nous avions l’habitude de mettre en ligne sur les réseaux des bribes de titres ou des parties de guitare que je venais d’enregistrer. Elli m’a envoyé un message disant qu’elle aimait l’ambiance et que si un jour j’avais quelque chose à lui proposer sur cet album elle était partante. J’étais ravi bien sûr, car elle n’a pas enregistré depuis longtemps et elle nous faisait cette proposition. Par ailleurs, malgré les décès de Jacno et de Philippe, c’est quand même la rencontre entre les Stinky Toys et Marquis de Sade, quarante-cinq ans après leur création. Et je trouve le titre, In The Mood For Sun, sur lequel elle chante avec Simon, très frais, très optimiste. C’est un des moments qui me touchent le plus sur cet album.

 

Interview réalisée par Erwan Bargain