Une écrivaine franco-syrienne exilée à Morlaix

Romancière réfugiée en France en 2004 et installée à Morlaix, Maha Hassan publie Femmes d’Alep, le récit des femmes de sa famille depuis sa grand-mère survivante du génocide arménien jusqu’à ses nièces. Une à une ses nombreuses tantes prennent la parole pour raconter la vie au village ou à Alep, l’oppression masculine, les espoirs et déconvenues des mariages forcés, les violences et les relations entre femmes. Au milieu d’elles, Maha Hassan s’extirpe de la tradition comme d’une carapace, avec la littérature comme seule lumière, se confronte au pouvoir, s’enfuit. Des pages fiévreuses racontent comment se révèle sa voix propre d’écrivaine lors d’une résidence à la maison d’Anne Franck. Syrienne, arabe et kurde, musulmane, fille de communiste, française et laïque, Maha Hassan se débat contre les assignations identitaires et défend sa liberté d’écrivaine. Depuis 2011, la guerre en Syrie renvoie chacun à sa tribu comme un effet de l’échec de la révolution à renverser le régime criminel de Bachar Al Assad. La dernière décennie nourrit des témoignages poignants : « Tu es à Morlaix, mais Alep se réveille avec toi chaque matin », écrit Maha Hassan. Femmes d’Alep, Maha Hassan, avec Ismaël Dupont, Edité par Skol Vreizh, 480 pages 22 €.

Maha Hassan Femmes d'Alep
Maha Hassan

Un livre écrit avec Ismaël Dupont

Née à Alep en Syrie, dans une famille kurde, Maha Hassan vit son enfance entre le village et la grande ville. Elle parvient à suivre des études supérieures à la faculté de droit d’Alep. Ecrivaine et journaliste en langue arabe, réfugiée en France depuis 2004, Maha Hassan est auteure de 13 romans, la plupart édités au Liban et diffusés dans le monde arabe. Deux de ses romans sont traduits en italien, un autre en néerlandais. Elle vit depuis 2015 à Morlaix.

Elle explique dans l’épilogue de Femmes d’Alep que ce livre l’accompagnait depuis des années an France, mais qu’elle n’avait pas la possibilité de l’écrire car la seule langue qu’elle maîtrise bien à l’écrit est l’arabe. « Or je sentais en moi une forme de censure qui m’empêchait d’écrire ce livre en arabe ». Elle l’a tout de même d’abord écrit en arabe sans intention de le publier et a ensuite retravaillé l’ensemble avec Ismaël Dupont pour une publication française.