A Plestin-les-grèves le 17 Juin, Benodet le 18, Roscoff le 19, Rennes le 20. La maison de production costarmoricaine Matsylie fait tourner en avant-première le film Retrouver le chemin. Laurent Granier a repris le chemin de Compostelle en mai 2020, juste au lendemain du premier confinement. La période a secoué son existence : rupture de son couple, covid, fin de ses contrats alors qu’il sillonnait les salles de cinéma pour des ciné-conférences « Connaissance du monde ». Retrouver le chemin, c’est donc redonner une direction à une vie en plein virage. Les débuts, à partir du Puy-en-Velay, sont étranges. La crise sanitaire a vidé le chemin de Compostelle. Pas de marcheurs, lieux d’accueil et commerces fermés, villages aux volets clos. Il souffre de la solitude, avance en pensant à ses deux enfants. Il a déjà fait le chemin de Compostelle en famille deux ans auparavant et peine à échapper à la nostalgie. Laurent Granier nous fait partager la beauté des paysages sans interrompre son mouvement. Il se filme dans l’effort et marque les signes d’étapes et les balisages. Il discute avec un pêcheur, avec un jeune homme qui retape une maison. Il parle peu de lui-même, ne fait pas partager sa gamberge. La tension vers le but devient un reflet de sa tension intérieure et on se demande s’il n’est pas en train de contourner ses problèmes. Il filme ses traits tirés par l’effort, sa figure trempée de pluie ou de sueur, harcelée par les moustiques ou les mouches. Il traverse les plaines désolées de chaleur en Espagne, rencontre des jeunes gens qui construisent des havres de paix sur le chemin. Laurent Granier, lui, ne respire pas encore la paix. On s’interroge sur le sens de son défi. Il ne cherche pas à analyser, encore moins à délivrer un message, espère au bout de ses pas une lumière sur ses questions… Retrouver le chemin est le premier long métrage de ce Breton devenu normand d’adoption. Le film trouve une bonne audience notamment auprès de ceux qui ont l’expérience de Compostelle et des randonneurs qui songent au pèlerinage.