Sculptures en liberté

Chez Antoine Kito, à la pointe de Bilfot, commune de Plouezec, le parc qui descend vers la mer sous de grands cyprès est ouvert et peuplé de sculptures « en liberté ». En pierre et surtout en bois, monumentales comme la Dame celte, tragiques comme la Supplication, facétieuses ou sensuelles… Antoine Kito les entretient lui-même et les dépose tous les trois ans pour un nettoyage complet. La pente conduit à son atelier galerie, que l’on visite sur rendez-vous, avec vue magistrale sur la baie de Paimpol. Cette propriété familiale est le lieu privilégié d’Antoine Kito depuis sa naissance en 1954. Il y accueille avec sa compagne Evelyne Briend, tous deux généreux en explications et anecdotes. Sa galerie retrace une vie d’artiste avec ses enthousiasmes, ses drames et ses joies, ses grands chantiers et passions. Elle contient ses premières œuvres quand il avant cinq ans, sept ans… Kito raconte avec émotion comment sa vie a changé, du jour où le sculpteur Etienne Martin (1913-1995), ami de la famille, lui a offert sa première trousse d’outils. Le passage aux beaux-arts a été éclair. Antoine Kito est autodidacte, inspiré d’abord par la taille qui laisse la matière influer sur la forme. Mais, après le temps du travail, du galbe, du polissage, c’est bien la parole qui ressort, ses œuvres jouent avec les mots, pratiquent l’ironie douce face à l’arrogance, traduisent dans une figure fissurée sa détresse après la mort de sa mère… Il parle de surréalisme parce que plusieurs de ses thèmes viennent de superpositions d’idées, mais il manipule volontiers les symboles, comme la fermeture Eclair pour le temps qui se referme sur la vie, l’imaginaire fantastique. Plus rarement, il associe des objets industriels (robinet, tuyau, hachoir à viande) pour construire un propos. Le résultat figure clairement à la fois une idée maîtresse sur une forme souvent organique, voire sensuelle. Antoine Kito se garde des galeries et a beaucoup de travail sur commandes, pour des collectivités (Lannion, Lanester, Lyon, Neuilly-sur Seine, dernièrement l’hôpital Saint-Louis, à Paris), des entreprises ou mécènes (Jean-Paul Legendre), des particuliers. Il a réalisé une dizaine de grandes statues pour le site de la Vallée des Saints dont il défend l’approche à la fois populaire et grandiose.

Kito
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