Concert le 18 mai au Parquet de bal, à Rennes

La harpe et la voix de Kevin Le Pennec, sans accompagnement ni arrangements sonores, suffisent à construire ce moment en suspension au-dessus du fracas du monde. En musique traditionnelle, la mélodie est essentielle, ici portée par la harpe et soutenue de l’autre main par un accompagnement harmonique et rythmique. Orchestre à elle seule, comme un piano, la harpe s’en va sur des chemins creux d’Irlande et de Bretagne, à la fois modeste et complexe au point de nous faire parfois entendre des déferlements de notes dignes d’une kora ou de creuser le silences pour le chant. Les textes en français suivent le plus souvent la voie de la tradition. De même, une bonne part des thèmes, y compris ceux de sa composition, s’inscrivent dans un domaine patrimonial, avec l’exception d’un vocabulaire plus contemporain sur le titre A Distance. La voix de Kevin Le Pennec est puissante, elle porte loin et il semble s’attacher à l’infléchir en douces inflexions, comme en respect de son répertoire. Quelques accents pourtant dans sa façon de chanter, mais aussi dans ses arrangements, évoquent les invocations des folk-singers américains. Une allusion suggérée par l’image ferroviaire de l’album ? A défaut d’un petit grain de folie, cet enregistrement a le bénéfice d’une belle unité et signe une personnalité musicale. Originaire de Brest, Kevin Le Pennec (voir son site) chante depuis son plus jeune âge et a commencé la harpe à 7 ans. Infirmier de métier, il suit des stages de harpe et rencontre les membres du Collectif Arp. Il quitte alors son travail en 2016 pour intégrer le conservatoire de Brest, apprend auprès de Nikolaz Cadoret, puis rejoint le Pont Supérieur, à Rennes. On le retrouve en duo de harpes à leviers dans Bisiad avec Morgane Grégory, et dans le trio La Mézanj où il chante accompagné de la violoniste Coline Genet et de la violoncelliste Clémence Lenoël.