A Vannes, jusqu'au 21 octobre

Chaque tableau représente une lutte, c’est ce qui frappe d’emblée. Des figures animales hybrides, des formes humanoïdes glabres, des chérubins se débattant avec un équidé, un squelette d’oiseau, un diable agrippé à son poisson… Joliane Siegel puise dans la mythologie pour réagir à la violence des êtres humains, leur avidité furieuse, leur enfermement mental et la panique qui en résulte. Ses scènes explosives portent les traits appuyés et les couleurs épicées de l’expressionnisme, sans ombre, sur des décors juste suggérés. La série présentée à la Galerie T se lit comme un conte parfois cruel, parfois rabelaisien et toujours énergique. Originaire de Paris et désormais installée à Mont-Dol (35) après avoir vécu dans le Tarn, Joliane Siegel a suivi les arts appliqués et expose régulièrement depuis les années 90.

Joliane Siegel
Joliane Siegel
Œuvres de Joliane Siegel

Le texte de présentation de la Galerie T

Joliane Siegel, formée aux Arts Appliqués, est originaire de Paris et s’est récemment installée en Bretagne.

Si on assiste aujourd’hui à un renouveau de la peinture figurative en France, cette artiste y participe depuis de longues années et creuse un sillon résolument expressionniste.

Face aux pressions de l’actualité, Joliane Siegel esquisse par la peinture et le dessin ce qu’André Breton appelait le « mythe collectif » propre à chaque époque. Il désignait par là l’état des choses, des pensées, des combats, des anxiétés contemporaines.

Pour ce faire, J. Siegel sollicite souvent les figures hybrides des grands mythes antiques. Universelles, ces créatures anthropomorphiques, sorties du fonds des âges, sont vectrices de symboliques ô combien inspirantes et évocatrices.

Le Minotaure représente ainsi l’Homme dans son état le plus primaire, le plus bestial. Monstre hybride, prisonnier de sa condition, il dévore des êtres humains pourtant constitutifs de sa propre identité.

Emplis d’une vitalité contrariée, dans un équilibre instable, les personnages de J.Siegel sont en permanente interaction. On assiste à la truculence de leurs attitudes :danses macabres, caricatures de jeux, de processions, luttes incessantes etc. Dans un enchevêtrement complet des formes, le narratif même s’altère au profit d’une intense expressivité.

Dans son désir d’une éloquence accrue, Joliane Siegel cherche à aller à l’essentiel par des rapports de couleurs synthétiques et puissants. Par leur volume, les personnages se distinguent sur des fonds vaguement suggérés où ils ne projettent aucune ombre : décors non situés,intérieurs, espaces vides et clôturés.

« L’isolement des gueules et des figures du corps pour les projeter seules sur des surfaces étranges où elles s’arrangent d’un sens nouveau. » J. Siegel

Collections publiques : Musée des Beaux-Arts du Mans, Fonds International d’Art Actuel du Mans (FIAA), MAMC de Cordes-sur-Ciel, FRAC Occitanie.