Pauvre, nouvel album de John Trap

On peut écouter les chansons de John Trap en sautillant sur les rythmiques rock et en suivant les boucles sonores subtilement tranchées d’arrangements bien râpeux. Mais ce qu’il y a de plus original, c’est la poésie des textes. Thomas Lucas, de son nom à la ville (mais il est basé dans les Monts d’Arrée), poursuit en français avec l’album Pauvre, après son précédent album Cinéma. Ses paroles jouent sur l’assemblage : mélange d’évocations littéraires et de banalité ordinaire, collage de bouts de dialogues et de lieux communs, jeux sur les doubles sens. Pas si absurde qu’il y paraît, l’univers de John Trap exprime certes un écœurement naturel pour l’abrutissement contemporain, mais sans cynisme. Il y a surtout de l’intérêt pour les à-côtés, les idées, les images et les gens que d’autres ont laissé traîner au bord de la route. Les images, car, comme en témoignent les clips-vidéos, John Trap est passionné de cinéma et son esprit semble fonctionner en juxtaposant des scènes où le burlesque perce l’écran : « Professeur, professeur, si nous ne bougeons pas nous sommes cuits ! », chante-t-il. John Trap est associé au label L’Eglise de la petite folie (Brest), d’Arnaud Le Gouefflec. L’illustrateur Laurent Richard propose une série de douze planches illustrées, présentées dans un coffret-album.