Au Petit Echo de la mode, jusqu'au 18 février 2023

C’est une exposition copieuse et importante que présente l’établissement culturel Le Petit Echo de la mode, car elle permet d’embrasser le travail d’Isabelle Vaillant sur presque vingt-cinq ans. La photographe, installée en Côte-d’Armor depuis une vingtaine d’années, aime et sait saisir les mouvements des enfants, les instants où leur regard s’ouvre ou bien s’évade, leurs attitudes en famille. Cette empathie se confirme ici avec des séries inédites comme Nekepell (noir et blanc) où l’on suit une famille rurale, les gamins chahuteurs, les parents festifs, le grand-père au corps raide et la grand mère au regard triste, leur bêtes, leurs genoux, leurs mains au contact avec le sol… Campagnarde aussi, mais plus fantasque, la série Lolo se regarde comme une fiction avec ses décors vaguement inquiétants et ses fillettes qui semblent porter des histoires déjà lourdes. Encore plus près de son sujet, la série La Bascule s’approche des corps. Sans écœurer ni flatter, elle observe les peaux, leurs poils, le carré d’un omoplate de dos, le croissant d’une position fœtale, la ligne paysagère d’une dormeuse…

Isabelle Vaillant avait déjà montré avec humour sa capacité à se mettre « à la place de » dans la série L’Autre en soi où elle se photographiait au milieu de ses sujets, maquillée et habillée comme eux (enfants d’école, pensionnaires d’Ephad, familles d’origines diverses…). Cette série avait fait l’objet d’une publication. Est aussi reprise le Cordon, une installation sonore et visuelle qui retrace sa rencontre avec des personnes ayant un lien avec le Maghreb.

Répondant à l’idée d’une rétrospective de son travail, lancée par le directeur du Petit Echo de la mode, William Domenech, Isabelle Vaillant a plongé dans ses carnets (on en voit en vitrines) et ses archives pour recomposer des images passées. L’exposition compte aussi une série de dessins noirs, à l’encre et fusain, plus difficiles à cerner et à associer aux photos. On y retrouve l’interrogation sur les lignes du corps humain, comment ces formes s’extraient de l’obscurité, s’interpénètrent, mais on y lit une recherche, à la différence de la révélation intuitive offerte par la photo.

Isabelle Vaillant
Isabelle Vaillant
Isabelle Vaillant
Isabelle Vaillant
Isabelle Vaillant
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