Un roman édité chez Skol Vreizh

Le véritable héros de ce roman est le fest-noz. Il bouillonne vrombit, saute et glisse d’une page à l’autre comme des danseurs emportés par une gavotte et ne lâche le coude du lecteur que pour tenir son petit doigt. Certains chapitres sont écrits en respectant les séquences d’une suite fisel ou plinn. L’intrigue, elle, repose sur un adultère à l’issue tragique, mais la chair du texte est surtout donnée par l’amitié entre le solide Fañch (aussi prénom de l’auteur) et le flamboyant Yan qui sera victime de sa passion. C’est donc aussi une histoire d’hommes à l’âge où les engagements s’usent aux contraintes domestiques et sociales. Les femmes y conservent leur étrangeté, soit fées, soit épouses et mères. D’un style léger, avec des dialogues ciselés renonçant au réalisme, Fest-noz est le livre à ne pas manquer pour les quadras-quinquas qui ont piétiné les planchers dans les années 90. Les fans d’Ar Re Yaouank vont exulter. L’auteur Fañch Rebours parle en connaisseur de la danse bretonne, de ses styles, de son histoire, des caractères variés des tribus d’assidus aux bals. Au passage, on notera ce que la grande vague du fest-noz des années 90 doit à l’automobile et à la modernisation du réseau routier. Si l’histoire se situe dans le Trégor-Goëlo (pays où l’auteur vit et travaille comme enseignant), ses personnages n’hésitent pas à tracer la route pour une soirée. Avec ce roman, Fest-Noz, Fañch Rebours déploie aussi une réflexion bien sentie sur l’état de la culture bretonne au XXIè siècle et, lui-même bretonnant, émaille son texte de mots et expressions en breton, mais aussi de poèmes d’Eugène Guillevic. Né en 1972 à Paimpol, Fañch Rebours est l’auteur de 9 romans (Cap-hornière, Krouman, Le Bahut du Maure...), de nouvelles. Il est aussi sonneur, militant breton, membre de l’Union démocratique bretonne. Fest-Noz, La Dernière Danse, éditions Skol Vreizh 280 pages, 17 euros.

Fañch rebours