Chimera, l'album du trio Descofar

Le premier titre pose d’emblée une ambiance électro-rock avec batterie binaire, mélodie distordue et basse qui serpente. Après deux minutes, Descofar place un style plus pop que brutal, mais avec un travail impressionnant de composition sonore qui dessine un univers fantastique. La source est bretonne, avec des mélodies issues d’airs traditionnels, et les rythmiques respectent souvent le cadre des danses, avec des répétitions de thèmes. Mais c’est avant tout de la musique à écouter en concert : « Avant d’être des harpistes de musique traditionnelle celtique, nous revendiquons le fait d’être des musicien-ne-s libres de porter aux oreilles du public la musique qui nous fait vibrer », déclare le groupe. De Descofar on entend d’abord les harpes électriques d’Alice Soria-Cadoret (qui joue aussi synthé basse) et Nikolaz Cadoret. Ils aiment mettre leurs cordes sous tension et les livrer à tous les outrages sonores pour produire une atmosphère dramatique. L’enregistrement permet aussi d’apprécier des passages d’arpèges, sans se laisser bercer ; le plus souvent l’attaque est percutante, tout comme la batterie d’Yvon Molard sonne rock, mais en souplesse. Il est aussi percussionniste et cette ouverture à la musique world s’entend. Le résultat est loin de la fureur rock. Chimera est un album composé, réfléchi où l’on sent une minutieuse exploration sonore pour agrandir l’espace vital de la musique bretonne.

Descofar s’est produit en août au Festival interceltique de Lorient, à Amzer Nevez Plœmeur, aux Sorinières pour Celtomania. Le groupe est à Bobigny (Conservatoire Jean Wiener) le 9 décembre. Sur le groupe lire aussi notre précédent article.