Célèbre comme chanteur breton et pour ses expérimentations avec l’électro, Denez Prigent est avant tout un passionné de gwerz. Il le racontait dans cette vidéo réalisée l’année dernière au Festival du Livre de Bretagne de Carhaix. Un an plus tard, il publie Gwerz Denez, recueil de 136 poèmes narratifs en breton, écrits et traduits par lui-même en français. L’auteur est inspiré par les gwerz traditionnelles et celles du Barzaz Breiz, d’Hersart de La Villemarqué. La matière épique, légendaire et tragique imprègne ces récits, y compris lorsque Denez évoque des drames contemporains (la famine en Ukraine de 1933, le génocide au Rwanda de 1994). Les histoires d’amour dramatiques nourrissent un autre grand thème. Un amour absolu, sacralisé. Les animaux et les plantes sont des acteurs de cet univers magique où l’on frôle parfois la démence (Les deux Pies). Plus qu’avec les dragons, les seigneurs cruels ou les korrigans, c’est dans les moments de contact avec la terre bretonne que Denez réalise le mieux l’alliance poétique du monde et de l’imaginaire, à l’exemple des trois oiseaux, chantant chacun une note, qui lui inspirent la mélodie du Pain de l’ankou.