Un roman graphique dessiné par Roger Vidal

Après avoir signé Fukushima, chronique d’un accident sans fin, en 2021, le tandem formé par Bertrand Galic et Roger Vidal se retrouve pour La petite fille et le postman, un one shot qui prend pour décor l’Amérique du début du XXe siècle. Le scénariste brestois imagine ainsi une épopée mettant en scène Jenny, une fillette dont la mère est morte à San Francisco durant un tremblement de terre. Son beau-père profite alors d’une faille dans le règlement des postes pour envoyer l’enfant, tel un colis, à l’autre bout du pays. Elle est ainsi prise en charge par Enyeto, un facteur amérindien qui va la conduire à Chicago. Mais le périple, évidemment, ne sera pas de tout repos…Si La Petite fille et le postman relève de la fiction, Bertrand Galic s’est néanmoins inspiré, pour cette histoire, de quelques faits historiques véridiques. En effet, de 1913 à 1920, bon nombre de citoyens américains ont profité d’un flou juridique dans le règlement des postes pour envoyer, comme des colis, des bébés et des enfants aux quatre coins des USA, et ce pour une somme dérisoire. Seule et unique condition : que l’individu à livrer n’excède pas les 50 pounds (soit près de 23 kilos). Partant de cette réalité, l’auteur breton a ainsi imaginé un road movie équestre et ferroviaire haletant qui se dévore d’une traite. Rythmé et parfaitement mené, le récit nous embarque sur les traces de deux personnages antagonistes qui vont peu à peu apprendre à se connaître et à s’aimer. Cette relation qui s’instaure entre le facteur et la petite fille fait tout le sel de ce roman graphique mis en images par le dessinateur espagnol Roger Vidal, qui avec son style vif et dynamique emporte l’adhésion. Seul regret : le dénouement de l’histoire quelque peu confus et précipité et qui laissera probablement certains lecteurs sur leur faim.

Erwan Bargain

La Petite Fille et le Postman, de Bertrand Galic et Roger Vidal, éditions Vent d’Ouest, 104 pages, 19,50€.

Bertrand Galic Roger Vidal