Deux tours d’allure médiévale s’élèvent dans le passage de la Cohue, musée des Beaux-arts de Vannes. Hautes de cinq mètres, elles sont grises, ont une charpente en bois. La première supporte une maçonnerie de briques, la seconde d’épaisses ardoises. Le matériau utilisé est la vase qui donne le nom de cette expérience pilotée par Nicolas Barreau et Jules Charbonnet, en jouant sur l’acronyme Variations, Architecture, Sédiments, Erosion.

Tout autant que le résultat spectaculaire, c’est la recherche autour de ce matériau qui compte, aux yeux de Barreau et Charbonnet. Cette recherche est décrite dans le livret et dans une vidéo présentée dans un des bacs. Les autres bacs contiennent des échantillons de vase. Les boues sont extraites du dragage des ports du Morbihan. La vase est riche de biodiversité, elle conserve les traces archéologiques de végétaux et animaux de passé lointain. Elle peut aussi poser des problèmes pour la navigation, pour les prises d’eau de pompage. L’idée consiste à l’utiliser pour élaborer un élément d’architecture en la mélangeant à des fibres (ouate de cellulose) et en la séchant. Briques et bardeaux sont bien durs, mais ne résistent cependant pas à l’eau. L’exposition séduit par l’esprit pratique de la démarche, associée à la fantaisie des tours qui ont l’air de grands jeux d’enfants. Elle intéresse aussi par sa préoccupation écologique (l’utilisation de matériaux naturels pour le bâtiment). Elle appelle la discussion, car les questions de construction intéressent beaucoup de monde et sans doute, à cet égard, souffre-t-elle un peu de la mise en lumière muséale qui sacralise la forme aux dépens du procédé de fabrication.

Diplômés de l’école de design Nantes Atlantique en 2011 et passionnés par l’art de la charpente, Nicolas Barreau et Jules Charbonnet ont fondé leur cabinet l’année suivante dans une ancienne ferme de Carquefou et ont réalisé plusieurs architectures-sculptures, notamment A l’heure du crépuscule (2020, Kerguéhennec, une installation à Fontevraud en 2016.