Les femmes ont toujours été présentes dans l’agriculture, essentielles au travail de la terre et à l’élevage. Mais invisibles, pas reconnues. La littérature et les arts romantiques célébraient surtout le laboureur et elles apparaissaient encore moins au regard de l’administration sociale et économique. La pièce Héroïnes parle de ces femmes, à partir de textes de Françoise Legendre, Jeanine Ogor et Jean Rohou, de paroles recueillies à la maison de retraite de Guémené-Penfao et auprès d’agricultrices du Pays de Redon. Anne-Cécile Richard, de la compagnie On t’a vu sur la pointe, interprète sous la forme d’une conférence, commençant de façon scolaire devant un tableau noir. Elle présente des photos, des enregistrements, et peu à peu, elle laisse percer l’émotion, son empathie avec le sujet. Ces moments où le personnage de la conférencière échappe à ses codes pour parler de sa propre famille activent l’attention du spectateur, mise à l’épreuve par les nombreuses données sur la condition sociale de la paysanne. L’exposé parle surtout des agricultrices d’aujourd’hui qui sont confrontées à aux transformations techniques, à la pression de production, aux aléas des prix de vente, en plus de ceux du climat, aux complexités de la réglementation… Héroïnes déborde ainsi du sujet féminin pour sensibiliser à la situation économique des agriculteurs en général, sans toutefois mettre en question la dérive agro-industrielle, si ce n’est par allusions. De quoi ouvrir la porte à des questions, car ce type de spectacle mérite d’être suivi d’un échange avec le public. L’écriture, la mise en scène et la lumière sont signées Antoine Malfettes.

Pendant trois ans, la compagnie On t’a vu sur la pointe a été en résidence au long-cours à la maison de retraite de Guémené-Penfao. Le projet Héroïnes est né de ces rencontres avec des femmes agricultrices à la retraite.

Voir l’agenda des représentations sur le site de la compagnie.