Une étude de la bande dessinée qui a choqué tant de Bretons

Couverture d'un album de Bécassine
Bécassine version Joseph Pinchon et Maurice Languereau
Dans l'étude d'Olga Roukavichnikoff-Pilon

«  Archétype de la femme libérée » ?

Pour beaucoup de Bretons, Bécassine était un personnage infamant qui entretenait les clichés sur les Bretonnes. C’est un portrait plus flatteur que brosse Claude-Olga Roukavichnikoff-Pilon dans son mémoire sanctionnant son diplôme d’Etudes celtiques de l’Université Rennes 2 : « Loin d’être une sotte, elle nous est présentée au contraire comme étant très lucide, rigolote, observatrice, psychologue, philosophe et cherchant en permanence à combler ses lacunes », écrit-elle. Les aventures de Bécassine (deuxième époque) publiées entre 1916 et 1940 par Joseph Pinchon et Maurice Languereau, montrent, selon elle, « l’archétype de la femme moderne et libérée ».

 

 

Très tôt certains militants bretons dénoncent une caricature. Olga Roukavichnikoff-Pilon y voit « Un mécanisme de caisse de résonance assimilable au colportage d’infox. Les militants mettent toujours en avant une Bécassine « bretonne » moquée par le gotha parisien, dessinée le plus souvent inclinée, symbole de soumission, et sans bouche, dans un mutisme imposé. Ils évoquent une petite bonne bretonne sotte, ignorante et venue d’un pays arriéré. Ce serait une image insupportable en soi, mais cela ne correspond pas au personnage de Bécassine. En ce qui concerne les Bretons en général, il n’y a pas  de mouvement d’opinion général et spontané, plutôt un mécanisme de caisse de résonance assimilable au colportage d’infox : sans avoir lu  les  aventures de Bécassine,  on fait siennes les opinions données par d’autres. » Dans les années 60, une nouvelle génération militante se la réapproprie, ce qui n’éteint pas la polémique. Aujourd’hui, ajoute-t-elle, « la réconciliation doit pouvoir enfin intervenir entre Bécassine et tous les Bretons. Cela permettrait que l’on s’intéresse enfin au contenu des albums ».