Après Spézet, une Journée des talus très suivie à Saint-Nicodème le 8 octobre

Le talus qui borde les chemins creux est un symbole ancestral de la campagne bretonne, inspirateur des peintres et poètes, mais se fait toujours araser. Plus de 60 ans après le remembrement mené à marche forcée dans le bocage, les destructions sauvages se poursuivent, tant la concentration dans l’agriculture conduit à regrouper les parcelles. Des collectifs d’opposants se mobilisent (voir le site kleuziou.bzh). Après une première fête des talus à Spézet en septembre, l’un d’eux (Arbres, talus, bocage) organisait une « Journée des talus », à Saint-Nicodème, le 8 octobre, à laquelle participaient l’historien Léandre Mandard et la journaliste Inès Léraud, dans une salle des fêtes pleine. Léandre Mandard mène une recherche sur l’histoire du remembrement des années 60-70, avec une focalisation sur la commune de Trébrivan où la résistance avait si forte que les pelleteuses avaient été protégées par les forces de l’ordre. La journaliste Inès Léraud, connue pour ses reportages en Centre-Bretagne et la bande dessinée Algues vertes, l’histoire interdite, travaille à une nouvelle bande dessinée sur l’histoire du remembrement en France.

Elle a insisté dans son intervention sur les traumatismes psychiques causées par le remembrement, en plus de la perte de diversité écologique. Les collectifs renouvellent à l’échelle locale les efforts de l’association régionale Eau et rivières de Bretagne.

Les talus portent aussi une histoire artistique, marquée par Gilles Servat (et sa chanson Madame la colline) ou Bernez Tangi et par des figures historiques comme Loeiz Roparz, Anjela Duval, artistes au croisement de la tradition et de la sensibilité populaire.

Léandre Mandard et Inès Léraud
Léandre Mandard et Inès Léraud

Extrait du discours de Jean-François Bouguennec (collectif Arbres, Talus, Bocage)

« Il y a dans chaque commune, deux ou trois casseurs bien identifiés, sans foi ni lois, dans la toute puissance, et qui n’écoutent qu’eux-mêmes. Non seulement, ils dégradent l’environnement, mais en plus les politiques libérales les autorisent à s’accaparer tout le foncier qui se libère, privant les communes de la revitalisation par l’installation de jeunes nécessaires à la vie. […] C’est toute la Bretagne qui est concernée par le saccage rampant de notre patrimoine et nous sommes affligés par ces comportements irresponsables à un moment où toutes les évolutions climatiques nous exhortent à repenser nos choix et nos solutions d’avenir ».